ON NE POUVAIT QUE S’ENTENDRE!

DEFENSE DE LA PENSEE

DEFENSE DE LA PENSEE

Je ne me lasse pas de partager avec ceux qui se sentent mobilisés, peu importe à quelle place, pour les questions traitant de la transmission et de la défense de la pensée.

Ainsi, comme j’en eus le plaisir la semaine dernière, me tenir devant un public de parents et de responsables scolaires m’apparaît comme un acte de foi, autant qu’un plaisir.
 Je répondais alors à une invitation sollicitant ma réflexion sur ce thème: « La maîtrise du langage : instrument de la construction de la personne ».

Pour le public, aiguillonné sans doute par la belle équation, provocante comme il convient, et venu très nombreux, il ne s’agissait pas tant de découvrir une réalité inédite, étonnante, susceptible même de controverse. Il s’agissait – j’en eus la preuve très vite – d’entendre l’écho de leur propre intuition.
Et comme toujours dans ces cas-là, ce qui agit en profondeur, c’est d’entendre leur intuition prendre les mots d’un autre, travaillés pour porter, de la façon la plus pertinente possible au regard de leur valeur, des significations graves.
Car, dans ce contexte d’abandon de la maîtrise du langage, et malgré les cris d’alerte et toutes sortes d’actes de sauvetage, on ne peut regarder cette bataille comme un luxe, un souci de la seule belle forme.

Les enjeux sont ailleurs. Mes hôtes d’un soir avaient bien raison : il est question de « la construction de la personne ».
Il me suffisait d’appuyer ma “démonstration” de la pertinence de la formule sur une  expérience quotidienne, que rien ne vient jamais démentir, pour poser comme un fait absolu qu’en effet la personne est l’enjeu majeur du combat à mener. Et pour devenir soi-même une personne, et pour permettre aux autres d’être des personnes.

Si beaucoup m’entendaient comme si je parlais de leur propre enfant, il n’en reste pas moins que tous ont donné à mon propos la dimension collective que le combat doit avoir.

On ne pouvait que s’entendre !
Sur quoi, en quelques réponses-clés? Que maîtriser le langage, c’est participer davantage à l’aventure humaine, ses interrogations, quêtes, tentatives et échecs. C’est gagner plus de présence à soi, en accédant au statut de “sujet pensant“, dans « l’aventure de sa liberté responsable », pour reprendre la belle formule du philosophe Emmanuel Mounier. C’est gagner plus de présence aux autres, en recevant leur pensée et en leur offrant la sienne propre.

Ces trois relations permises par la possession d’une langue juste, rigoureuse, porteuse de sens, nous assurent d’être quelqu’un et non quelque chose. Mais parce qu’elles ne sont pas données sans notre désir de sens et sans l’effort de chercher à le construire, une voie se présente à nous comme relevant de notre totale responsabilité : prendre soin des mots pour prendre soin de notre pensée.

Cet article est dans la catégorie 2 La littérature s'interroge, Non classé. Disponible sous permalien.

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