TOUSSAINT, UN TEXTE, UNE ERREUR À CORRIGER

ROGER VAILLAND, par Yves COURRIERE

TOUSSAINT, TEXTE DE ROGER VAILLAND

L’article précédent portant sur le texte de Roger Vailland cité par Yves Courrière (p. 41-42), se terminait par une question : Au fait, j’ai volontairement laissé une « grosse faute » dont je ne sais si elle provient du texte original ou de l’éditeur contemporain. L’avez-vous trouvée ?

Des correspondants m’ont écrit à ce sujet des remarques intéressantes que je groupe en trois catégories : l’aveu d’ignorance, la proposition portant sur une relative impropriété, ou une ébauche d’essai sur la lecture et le “territoire sacré de l’enfance”.

TOUSSAINT, REMARQUES SUR LES REMARQUES

L’aveu d’ignorance est un acte courageux. Celui qui le porte, soulage au moins dix de ses collègues qui n’osaient pas en faire autant. En l’état, vous verrez, une fois correction faite, que bien des causes peuvent mener à cette ignorance, dont la moindre peut être une lecture rapide, ou un défaut visuel. Attendez la correction !

Maintenant, voici la phrase au sujet de laquelle le correspondant (une attentive correspondante, en fait) faisait allusion :

Il prit part à beaucoup de sanglantes batailles où il eut une si belle conduite qu’il reçut une très jolie citation dans laquelle on louait sa bravoure, son sang-froid, sa ténacité.

C’est l’adverbe qui avait attiré son attention. Soyons franc, il avait attiré la mienne à la première lecture du livre. Mais avec quelle préposition ou locution gouvernant le pronom relatif lesquelles le remplacer ? Dans lesquelles ? En lesquelles ? Au cours desquelles ? Grâce auxquelles ? Etc. ?

Retour à l’incomparable Littré :

, avec un nom pour antécédent, remplace le pronom relatif lequel complément d’une préposition et la préposition elle-même qui le gouvernerait, quand il s’agit de temps ou de lieu. Par extension, il se dit en tous les cas possibles, en parlant des choses. ”

Je n’irai reprendre tous ses exemples, laissant à chacun le soin de s’en nourrir. Et, tout compte fait, prenons ce comme il vient.

ALORS ? ALORS ? FINALEMENT ?

Voici la partie du texte où se trouve la faute, la grosse faute.

Des infirmiers vinrent le chercher et l’emmenèrent à l’hôpital. Il demanda au médecin s’il allait être renvoyé à Paris ; le médecin lui répondit qu’il y serait envoyé le plus tôt possible. Il demanda aussi qu’on écrivit à sa mère.

La voyez-vous maintenant ? Donnez-vous votre langue au chat ?

La réponse : il fallait écrire “Il demanda aussi qu’on écrivît à sa mère.”

La demande impose que le subjonctif pour le verbe écrire… avec un î et non un i.

En bref rappel, le subjonctif est le mode de l’anticipation, de l’impression, de la suggestion, de la demande, du questionnement, de l’avenir hypothétique, des contradictions, de toutes les subtilités et les doutes qui participent de la richesse de notre langue, et de notre condition humaine. Ici, la concordance des temps exige l’imparfait.

Au moment où des voix s’élèvent, entre autres, contre l’emploi du subjonctif, voix de l’ignorance ou de l’outrecuidance, quand ce ne sont celles des haines rentrées et des prétextes incantatoires, il me paraissait amusant (appelant les muses) de recouvrir ce pauvre i de son petit chapeau circonflexe, avant qu’il ne s’enrhumât.

 

 

Cet article est dans la catégorie 2 La littérature s'interroge, Demain sans faute, Lettropolis transmet mot(s) clef(s) . Signet permalien.

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