GRAMMAIRE, STYLE ET LITTÉRATURE

GRAMMAIRE

Concernant les fameuses fautes de grammaire de Mme T., (je ne sais pas ce qu‘il se passe) un lecteur m’a demandé de les expliquer.  Il pensait que les deux formulations étaient correctes. Voici :

Une seule des deux formulations peut être considérée comme correcte.

Regardons la tournure correcte : « Je me demande ce qui se passe. »
Le sujet du verbe « se passe » est le pronom relatif « qui », lequel a pour antécédent « ce » (la chose, l’ennui, etc.) qui se passe.
Si l’on utilise ce « qui » (abrégé en « qu’ » pour rajouter « il ») on a donc deux fois un sujet identique pour le verbe « se passe ».
Ce redoublement de deux sujets identiques pour le même verbe est grammaticalement faux.

Ne pas confondre avec les redoublements du langage oral qui correspondent, soit à une figure de style : « Moi je te dis que… »
Soit à des tournures méditerranéennes : « Le boulanger il a cuit le pain, et la ménagère elle l’a acheté. »

Donc, moi je vous confirme que je ne sais pas ce qui se passe dans sa tête, mais que je sais qu’il s’y passe quelque chose. (Cette phrase est volontairement lourde pour montrer les différences. Dans la dernière partie de la phrase, il n’y a plus qu’un seul sujet « il » qui se justifie pleinement).

Sans vouloir embrouiller la question, et toujours avec des exemples volontairement lourds, comparez le dialogue suivant (parfaitement correct) avec les phrases fautives du livre :
– Que se passe-t-il ?
– Il se passe… qu’il se passe quelque chose.
– Oui mais quoi ?
– Il se passe… ce qui se passe toujours dans ce cas, qu’elle ne sait pas ce qui se passe.

Si vous avez le moindre doute, transformez le « ce » en « la chose » : les fautes vous apparaîtront immédiatement

J’espère avoir été clair.

STYLE ET LITTÉRATURE

Lisez bien le commentaire de Trévise à propos de l’article précédent. Voilà du style ! Il ose franchir les limites habituelles du français, tout en respectant son génie. J’aime ce “jalouseuse” exemple parfait d’un néologisme, ou devrais-je dire, d’une émergence verbale qui nous irrigue. Du coup, pour dépasser le sens strict de néologisme, le mot artésianisme me survient (à chacun les siens) : adjonction d’un -isme à l’image de ces puits sauveurs, qui découvrent le précieux liquide venu de profondeurs salvatrices.

Lisez et relisez son commentaire: c’est un petit joyau comme seules certaines nuits nous en proposent. La langue française n’est pas seulement une construction solaire, rayonnante, éblouissante, au risque d’un engourdissement stérile. Elle est aussi cette douce clarté lunaire, cette rosée nocturne, ces circulations profondes chères aux poètes. Et tout cela sans que le sens ne se perde, mais au contraire, pour en parfaire les contours, qui sont finalement les supports de nos doutes éternels d’animal humain. En somme, elle est féline, tigresse, griffes et velours, regard plissé et sagesse musclée, pour porter une vraie vie. Lisez et relisez Trévise, et espérez qu’il nous offre un jour ses trésors cachés.

LITTÉRATURE

Alors, le mot de la fin reviendra au commentaire de Claude Ferrieux, mot d’action et de jugement, d’un auteur qui, lui aussi, ne se laisse pas prendre au piège de la pseudo-littérature. Son œuvre en témoigne et le qualificatif “attrayant” qu’il accorde aux publications de Lettropolis est de ces douceurs qui nous aident à poursuivre. Car, comme je l’ai écrit, bombardés que nous sommes par ces tirages de 200 000, la littérature des catacombes numériques a bien du mal à porter ses lumières. Mais, paradoxe, ce pilonnage qui tente de nous écraser, finalement, démasque le vrai du faux.

Cet article est dans la catégorie 2 La littérature s'interroge, Lettropolis transmet. Disponible sous permalien.

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