LENDEMAIN D’ÉLECTIONS AMÉRICAINES

Lendemain d’élections (américaines)

 Hier matin, j’étais debout dès potron-minet pour être parmi les premiers à prendre connaissance du résultat des courses (ni bon, ni mauvais à ce stade) et du bien-fondé de mes prévisions relatives à “qui serait le n°45” ! Une heure plus tard, l’indécision continuant, j’ai pris sur moi d’anticiper la défaite d’Hillary Clinton et de me mettre à rédiger le billet qui, j’espère, vous aura fait esquisser un sourire.

  Dans ma hâte, j’ai laissé passer quelques fautes et erreurs dont j’ai honte ! Par exemple, le prénom de la nouvelle-future First Lady est Melania, et non pas Ivana qui, à une lettre près (Ivanka) était le prénom de son immédiate “prédessesseuse” dans le cœur du nouveau n° 45. Ma gêne, toutefois, ne remet pas en cause mon analyse sur sa plastique, que je trouve infiniment supérieure à celle de H. Clinton. Les autres sont plus vénielles : “au contre de tous les regards” au lieu de “au centre” des mêmes regards… un vilain “la”  au lieu du “le” que Donald mérite… ou, vers la fin, “à ne pire que si” (?), là où je croyais avoir écrit “à ne lire que si…”.   Mais j’espère que tout le monde a bien lu et compris… ce qui n’était pas écrit !

  Pour ne pas être trop prisonnier de la forme (qui compte pourtant bien plus que la pensée actuelle ne le dit, dans le laisser-aller ambiant), on peut revenir sur les réactions immédiates, des félicitations de Vladimir Poutine (qui voit d’un bon œil la déroute de ceux qui se trompaient en permanence sur ses intentions) à celles du pauvre Hollande qui a cru le moment opportun pour regretter tous les ratages de la mandature Obama (et c’est lourd, dans un bilan si faible !) et rêver à tout ce que lui, Hollande, aurait dit qu’il pourrait faire s’il avait été élu, à la place de Trump (ce qu’à Dieu ne plaise !) : il n’est sans doute pas beaucoup plus nul qu’Hillary et Donald qui ont trouvé hier la consécration et l’enfer politiques (tous deux logiques, évidents, attendus et annoncés ici-même depuis des mois, et en quelque sorte, inévitables)…

  (1)- Comment font nos hommes politiques, nos journalistes, nos instituts de sondage, et une large tranche de nos intellectuels pour être à la fois sourds, aveugles, idiots et malhonnêtes ?

Et aussi : comment font-ils pour oser raconter n’importe quoi… et s’étonner d’être sévèrement jugés, à l’arrivée ? Je n’ai pas lu, vu ou entendu un seul de nos beaux esprits ne serait-ce qu’évoquer la possibilité d’une victoire de Trump, alors qu’il suffisait d’observer l’évolution de la société américaine, classes et origines mélangées, pour comprendre que le “ras-le-bol” avait dépassé le supportable : les “gens normaux” (si largement majoritaires mais si peu écoutés) en sont arrivés à préférer un saut dans l’inconnu à tous les nuls qui s’accrochent…

(2)- Où et quand le système démocratique, objectivement meilleur que tous les autres (pour paraphraser Churchill) a-t-il trouvé ses limites ?

Où-comment-pourquoi la démocratie s’est-elle reniée jusqu’à ne plus être que l’ombre d’elle-même, sa propre caricature (propre mais très sale, tout à la fois) ? Car enfin, où que se tourne le regard, et à l’exception des quelques-uns qui sont rejetés, conspués, caricaturés par nos élites et nos médias… il n’existe aucun chef d’État du moment qui vaille le prix de la corde pour le pendre (c’est pour cette raison qu’ils dorment si tranquillement : ils savent ne rien risquer !), à Poutine, Assad, Erdogan ou Mohamed VI près, qui s’imposent chez eux comme de vrais hommes d’État.   NB : les lecteurs de ce blog savent à quel point je déteste Erdogan, ce qui ne m’empêche pas de reconnaître que sa volonté de recréer l’empire ottoman lui vaut le soutien aveugle de la vaste majorité de son peuple, jusqu’à l’absurde !

  En suivant les résultats de l’élection américaine, il est revenu à ma mémoire un texte, écrit en 1915 et pourtant éternel. qui résume parfaitement la situation, en ces jours de tristesse généralisée, obligatoire, incontournable et… durable, hélas ! C’est pendant les horreurs épouvantables de la Première Guerre Mondiale que Romain Rolland avait fait cette terrible analyse  : 

“On dirait que le monde, pour le gouverner, a fait le choix des plus médiocres. Au cours de cette période si courte et où se décide le sort du monde et de la France, les hommes en place ne pensent qu’à gagner du temps et à vanter les qualités d’hommes dont ils connaissent les limites et le manque de talent… ” (‘’Jean-Christophe’’, livre X).

  Il faudra bien que nous, Français, nous posions très sérieusement ces deux questions avant les deux dimanches fatidiques de la ‘’primaire de la droite’’ qui devrait désigner le futur président de notre République… Nous en reparlerons.

Article extrait de Comprendre demain, blog de Claude Henrion.

Claude Henrion est l’auteur de France, agir ou périr ? sur Lettropolis.

France, agir ou périr ?

France, agir ou périr ?

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APRÈS QUE L’ON AURA LU CELA

La surprise du panda-géant

La surprise du panda-géant

https://fr.news.yahoo.com/video-chine-voulait-frotter-%C3%A0-panda-impressionner-copine-202818177.html

Le 2016 10 30

Après avoir lu le texte de cette information, après que j’eus lu le texte de cette information… me vint l’idée de le corriger :

Après qu’un de leurs visiteurs se fut introduit dans l’enclos.

En effet, après que impose le mode indicatif. Pourquoi ? Parce que l’action a déjà été réalisée, qu’il n’y a plus rien à y changer, elle est fixée dans le passé. Au contraire le mode subjonctif évoque différentes hypothèses, des futurs possibles, probables, jusqu’à l’irréalité. Que vienne un martien… par exemple.

Mais, dira-t-on, si nous envisageons maintenant une histoire à venir, un plan d’action dont nous résumons les étapes au mode indicatif, que se passe-t-il, grammaticalement parlant ? L’action n’est pas encore réalisée, donc sujette à variations, à hypothèses. Après que suivi du subjonctif serait-il possible ?

Réponse : Certes, le plan dont il est question est dicté actuellement, mais pour qu’il soit complet, chaque action doit être réalisée, quel qu’en soit le nombre.

Enregistrons (légalement) ce dialogue :

Bébert d’Anvers : Tu te magnes, t’enfonces la lourde.
Jojo le Danseur : Si qu’elle résiste ?
Bébert d’Anvers : Veux pas le savoir. Après qu’elle est ouverte, tu t’occupes du coffiot.
Jojo le Danseur : Au chalumeau, j’aurai vite fait.
Bébert d’Anvers : Après qu’tu l’auras étripé, on décarre ? Vu ?

Nous mettrons un zéro en morale à Bébert d’Anvers, mais un bon point pour l’usage d’après que suivi de l’indicatif, bien qu’un peu lourd, et peu fluide.

Et que se passerait-il en racontant une histoire au passé en style indirect ? Eh bien ! La même démarche logique, avec un peu plus de cohérence des temps :

Bébert disait à Jojo qu’après qu’il aurait ouvert la porte, et qu’après qu’il aurait étripé le coffre-fort, ils n’auraient qu’à décarrer à toute vibure.

Bébert a fait des progrès en grammaire. Il emploie maintenant le futur du passé qui a la même forme que le conditionnel (et bien des similitudes de pensée). Mais pour l’honnêteté… Hum !

Offrons-lui quelques portes de sortie… grammaticales. Si l’emploi de cet après que lui paraît délicat, ou lourd, si la répétition des que heurte son goût délicat, qu’il choisisse plutôt après avoir (et l’infinitif), une fois (l’objet devenant sujet et le verbe au participe passé) :

Après avoir ouvert la porte.
Une fois la porte ouverte.

Ensuite, restent toutes les ressources de la langue française. On les lui laisse découvrir. Il a cinq ans au chaud pour cela.

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LE MARTYRE DU MARTYR

le-martyre-du-martyr

le-martyre-du-martyr

“C’est une image qui a de quoi briser les coeur de tous les amoureux de football, à travers la planète. Après un choc avec Joao Cancelo à la 10e minute de Valence – Barcelone, match comptant pour la 9e journée de Liga, Andrés Iniesta est ainsi resté au sol en se tenant le genou droit et en se tordant de douleur. Souffrant visiblement le martyr, le maître à jouer des Blaugranas a ensuite été évacué sur civière, et remplacé par Ivan Rakitic. Il faudra attendre les examens complémentaires pour connaître la durée de l’indisponibilité d’Iniesta, mais à voir le désarroi du joueur ce samedi, il y a de quoi être inquiet.”

Lu le 22 10 2016 et repris verbatim sur :

https://fr.sports.yahoo.com/news/liga-la-terrible-blessure-d-andres-iniesta-lors-de-valence-barcelone-150004503.html

Au coeur du martyre du martyr

Voici qui va nous briser les « cœur »… ou plutôt les cœurs (au pluriel, avec s, si l’on s’en tient à la formule du distingué commentateur, et encore mieux « le cœur ».

Nous avons ici la conjonction de deux règles du bon usage :

  • La première est l’utilisation de l’article au lieu de l’adjectif possessif pour éviter l’équivoque ou lorsque « le rapport de possession est assez nettement indiqué par le sens général de la phrase, notamment devant les noms désignant les parties du corps ou du vêtement, les facultés de l’âme, et dans certains expressions toutes faites d’un sens général [1]. »
  • Une fois que l’on a admis la première règle, on décline son esprit dans les principes de la possession distributive : « Lorsque chacun des possesseurs ne possède qu’un seul objet, on emploie le singulier si, dans l’ensemble des possesseurs, on envisage l’individu en général, le type, plutôt que la collection. [On emploie] le pluriel si on envisage la pluralité ou la variété du détail. [2]»

Oui, lorsque chacun des individus d’un groupe possède  le même objet non spécifiquement identifié, il faut laisser ce dernier au singulier.

Par exemple : Cette nouvelle nous a brisé le cœur.

Mais au pluriel, et pour des objets spécifiques, bien détaillés : Ces sauvageons leur ont volé les portefeuilles. OU : “Les agresseurs ont volé leurs portefeuilles.”

En fait, tout est simple. Il suffit de s’en tenir au génie de la langue (chacune a le sien)… jusqu’à ce qu’il devienne notre propriété intime. Grammaire, lecture des bons auteurs, dictées, écriture, relecture, correction des fautes, aide de ceux qui savent. Tout cela ressemble à la base qui manque à notre programme d’enseignement du français.

À moins que… tout s’explique. L’auteur de l’article a dû être troublé par la lecture du Cœur innombrable d’Anna de Noailles.

Ne nous gaussons point. Ce footballeur, nous dit-on, « souffrant visiblement le martyr » nous émeut. Il nous émouvrait davantage s’il souffrait le martyre, le vrai, celui qui décrit la violence, la douleur, le châtiment subis. Alors il en deviendrait un martyr, et s’il lui arrivait de changer de sexe, une martyre.

Souffrez, chers lecteurs, que notre martyre nous ramène au bon usage – moins photogénique, moins visible que celui de ce brave sportif – celui de la langue française, belle patûre si mal digérée par certains esprits animaux.

Oh ! Je sais maintenant quels vers de la bonne comtesse devraient rester en la mémoire de notre écrivain des stades.

Dieux gardiens des troupeaux qui tenez des houlettes
Rendez-nous l’innocence ancestrale des bêtes ;
Afin que nous ayons l’endurance des maux,
Donnez-nous la douceur des sobres animaux.
Faites que nous ayons dans nos peines insignes
L’isolement muet et le dédain des cygnes ;
Donnez-nous pour souffrir le destin hasardeux
L’indolence soumise et distraite des bœufs.[3]

 

[1] Grévisse Maurice, Le Bon Usage, Gembloux (Belgique), éditions Duculot, 1959, P. 348, art. 427 (a)
[2] Idem, p. 353, art. 431, 3°
[3] Noailles, Anna de, Le Cœur innombrable, « Les animaux ».

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PETIT COURS DE LETTROPOLIS : PDF ET EPUB

RWANDA 1994

RWANDA 1994

 

Il y a peu, Lettropolis faisait paraître

Rwanda 1994 expliqué à mes enfants
Récits et Réflexions sur un génocide
par
Ernest Mutwarasibo

Cette première parution était en PDF. Aujourd’hui, la deuxième version sort en ePUB. Qu’est-ce à dire ?

PETIT COURS APPLIQUÉ À LA FICHE DE LECTURE VISIBLE CI-DESSUS

 Le format PDF (Portable Format Document en anglais, ou Document en format portable, en français)

C’est le plus répandu des formats adaptables à tous les ordinateurs. Il a été créé il y a plus de vingt ans par Adobe. L’idée de base était de conserver la mise en forme et le contenu prévus par l’auteur. Cela évitait des erreurs de lecture lors de l’envoi d’un document traité par un logiciel d’édition de type Word, ou Open Office, par exemple.

Le format PDF a évolué depuis, jusqu’à devenir un outil de travail de bureau avec des hiérarchies d’autorisations diverses. Ce n’est pas ce qui nous préoccupe ici.

Lettropolis a utilisé le PDF depuis le début pour présenter ses Olnis,  afin qu’ils soient lisibles comme un livre, couverture d’abord, puis affichage sur deux pages. Il lui faut un logiciel de lecture adapté (de nombreuses firmes proposent une version gratuite).

Cette version correspond au symbole :

PDF

Après avoir téléchargé votre Olni en PDF, rangez-le à votre gré dans un de vos propres dossiers de votre ordinateur, ou utilisez Adobe Digital Edition qui est un logiciel gratuit de lecture et de rangement dans une bibliothèque numérique sur votre ordinateur.

Le format ePUB (Electronic publication en anglais, publication électronique en français).

Beaucoup plus récent que le PDF, il est lui aussi portable sur tous les ordinateurs et lisible avec un logiciel spécialisé (ici aussi, nombreux modèles gratuits).

Nombreux outils de lecture ajoutés dont des dictionnaires (de qualité variable selon votre fournisseur).

Mais, contrairement au PDF, son format,  contenant et contenu, est variable selon les nécessités et choix de l’utilisateur. Voici son symbole :ePUB

RÉSUMÉ DU PETIT COURS

PDF
PDFVersion de base de tous les Olnis
Adapté à tous les ordinateurs ou tablettes et liseuses de grandes dimensions (équivalent d’un livre de poche).

ePUB

ePUBVersion plus adaptée aux liseuses et tablettes de format moyen ou petit.
Modifie la mise en page de l’éditeur.
Donc moins, peu ou pas adapté à la poésie, compte tenu de la rigueur de cette mise en page.

CHEZ LETTROPOLIS : Vous ne payez qu’une fois pour bénéficier des deux versions, selon vos besoins de lecture.

À vos ordinateurs, tablettes et liseuses !
C’est ici que ça bouge !

 

 

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DEMAIN SANS FAUTE : LA CUISINE AU BEURRE

La cuisine au beurre

La cuisine au beurre

 

LE COMBAT DU BEURRE ET DE LA MARGARINE

Voici un bel article faisant référence à la margarine et à la santé. Comme c’est gentil, comme c’est « tendance » ! Mais aussi, comme il est instructif… de le lire, avec une petite idée du bon français. Allons-y !

Source :

http://www.foodpowa.com/nourriture-industrielle

lu le le 28 09 2016

« La margarine a souvent été considérée comme une alternative plus saine au beurre. »

Croire que le mot alternative signifie moyen de remplacer est une faute chaque jour récitée par les médias. Revenons au Littré qui en donne deux acceptions :

  • Succession de deux choses qui reviennent tour à tour.
  • Option entre deux choses, entre deux propositions.

Même en faisant la grâce d’oublier la fautive lourdeur (plus saine au beurre), même en imaginant que le rédacteur de ce bel article ait eu en tête la première acception du Littré, la phrase citée ci-dessus n’en serait pas moins erronée.

Car l’alternative est un moment, un état par lequel le sujet considère deux choix, et doit en éliminer l’un. Il n’y a pas possibilité d’avoir en même temps un peu de l’un et un peu de l’autre. Lorsque nous hésitons avant d’agir ou de ne pas agir, d’aller à droite ou à gauche (je parle de chemin et non d’élections) nous sommes dans une alternative, c’est-à-dire, au carrefour, en train de faire un choix, d’évaluer les avantages et inconvénients de l’un et de l’autre. C’est une phase de jugement, de critique, mais certainement pas le résultat de ce jugement ou de cette critique.

Poussant plus avant le raisonnement, l’alternative est une logique binaire, dont se nourrit toute l’informatique : oui ou non, 0 ou 1. Rien de moins.

Mais comme si cela ne suffisait pas, le rédacteur anonyme poursuit :

« Il est donc vivement conseillé de privilégiez le beurre traditionnelle. »

Il est encore plus conseillé de privilégier (infinitif) le beurre traditionnel (masculin)… et de s’en tenir à la saine grammaire qui favorise la circulation du bon français, fluidifie le sens, et évite les embolies sémantiques.

J’ai un doute. Embolie ? Embouligue  comme l’écrivait Pagnol ? Oui, mais, c’était Pagnol, et toute la saveur de César.

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